Les entreprises de pompes funèbres, comme toutes les entreprises en France, ont des obligations. Elles doivent garantir à leurs collaborateurs des conditions de travail satisfaisantes et leur assurer la sécurité physique et psychologique.

De leur côté, les employés doivent prendre soin de leur santé et de leur sécurité en respectant la réglementation en matière de prévention des risques. Mais parfois, les circonstances leur font adopter des comportements dangereux qui représentent deux tiers des accidents du travail.

L’objectif de notre article est de vous montrer l’importance d’appliquer et de respecter les règles d’hygiène et de sécurité au quotidien. Si certains d’entre vous les jugent contraignantes, elles permettent de diminuer le risque d’accident ou de maladie.

Quelles sont les obligations dans les entreprises de pompes funèbres ?

Une obligation de résultat pour les dirigeants

Depuis 2002, les entreprises ont une obligation de résultat en matière de santé et sécurité au travail à l’égard de leurs salariés, selon l’article L.4121-1 du Code du travail. Pour ce faire, elles doivent mettre en place des actions de formation, d’information et de prévention. En cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle, le dirigeant engage ses responsabilités civile et pénale.

Au quotidien, il s’assure que ses collaborateurs respectent les mesures de prévention des risques et de protection comme le prévoit l’article R.4511-6 du Code du travail. Il vérifie par exemple si les agents portent les équipements de protection individuelle (EPI) qu’il leur a fournis (article L.4122-2 du Code du travail).

Le respect des consignes pour les agents du funéraire

Travailler dans les pompes funèbres, c’est être soumis à des risques extrêmes allant du simple problème d’hygiène au souci psychologique. Aussi, quelle que soit votre activité, il est important de respecter vos obligations en ce qui concerne les vaccinations, le matériel et la tenue vestimentaire.

Concernant la vaccination, le médecin du travail vous fera un rappel sur vos obligations vaccinales (article R.4426-6 du Code du travail et L.3111-4 du Code de santé publique).

Pour vous protéger et limiter les blessures, vous devez porter vos EPI qui doivent être adaptés à votre morphologie. Si ce n’est pas le cas, il faut en informer la direction qui est obligée de vous donner du matériel de travail et de sécurité adapté et en état de marche.

Pour la mise en bière

Si vous intervenez lors de la mise en bière, vous devez disposer de :

  • Chaussures de sécurité
  • Blouse en coton
  • Gants nitriles jetables

Pour les soins et le traitement du corps

Si vous procédez aux toilettes des défunts, vous devez être muni de :

  • Chaussures de sécurité
  • Surchaussures
  • Blouse ou combinaison jetable
  • Tablier imperméable jetable
  • Gants nitriles jetables
  • Lunettes de protection
  • Masque jetable avec filtre P2
  • Charlotte jetable

 

Si vous êtes thanatopracteur, votre équipement est composé de :

  • Chaussures de sécurité
  • Surchaussures
  • Blouse ou combinaison jetable
  • Tablier imperméable jetable
  • Gants nitriles jetables 
  • Manchettes de protection
  • Charlotte jetable 
  • Lunettes de protection ou visière de protection
  • Masque B2P3 (protection contre les vapeurs de formol et les agents biologiques) ou le masque AX2P3 (protection contre les vapeurs de méthanol et les bactéries)

Pour la mise en terre

Fossoyeur/terrassier, quant à vous, vous devez vous munir de :

  • Casque
  • Chaussures de sécurité
  • Gants
  • Lunettes
  • Vêtement de travail
  • Masque
  • Protections auditives

Parmi les agents du funéraire, vous êtes quelques-uns à considérer les EPI comme une contrainte : peu confortables, gênant les mouvements et assez laids… Alors, vous décidez de ne pas les porter. Cependant, au-delà du risque d'un avertissement ou d’un licenciement, vous augmentez la probabilité d’avoir un accident.

Photo de deux mains en train de mettre un pansement

Quels sont les risques ?

Dans le funéraire, il y a autant de risques différents qu’il y a de métiers. Les organismes de prévention, de sécurité sociale et de santé au travail, comme la Cramif, recensent 9 risques.

Le risque de manutention

En 2006, 56% des accidents du travail déclarés dans le secteur du funéraire sont dus à la manutention ou au transport de charges. Les agents y sont exposés lors :

  • du transfert du défunt,
  • de la toilette,
  • de la mise en bière,
  • du port du cercueil (pouvant aller jusqu’à 250 kg)
  • de la mise en terre.

TMS, lombalgies, entorses, luxations, fractures ou contusions sont quelques maux dus à de mauvaises postures. Si l’utilisation d’engins de levage (grue, chariot élévateur) diminue la pénibilité, elle n’est pas sans risques. Elle peut être à l’origine de contusions, d’écrasement ou de chutes.

Aussi pour limiter ces risques, les entreprises de pompes funèbres doivent organiser des sessions de formation sur la manutention (art. 4541-8 du Code du travail) ou l’utilisation du matériel de manutention (art. 4323-55 du Code du travail). À l’issue des formations, les agents sont en mesure de se servir du matériel adapté à leur activité, vérifié et entretenu.

Un conseil : Pour le transfert du corps, les porteurs doivent de préférence avoir des tailles homogènes. Pour le nombre de personnes, il faut prendre en compte la charge maximale de 50 kg par salarié (art. R 4541-9).

Pour le transfert du corps, les porteurs doivent de préférence avoir des tailles homogènes. Pour le nombre de personnes, il faut prendre en compte la charge maximale de 50 kg par salarié.

Le risque de chute et d’enfouissement

Les chutes sont assez fréquentes dans le funéraire, de plain-pied ou avec dénivellement, elles représentent 31 % des accidents du travail. Elles peuvent être à l’origine d’une entorse ou plus grave d’un écrasement ou d’une fracture.

Aussi, la prévention des risques repose sur l’information et la mise à disposition d’EPI adaptés et souvent vérifiés (art. R.4323-95 et R.4321-2)

Les articles R.4224-16 et R.4224-14 préconisent la mise en place des premiers secours aux accidentés et la fourniture d’équipements d’éclairage.

Le risque infectieux et biologique

Un mauvais entretien des locaux favorise le développement de bactéries, parasites et virus, augmentant ainsi le risque d’infection.

Dans l’activité funéraire, l’hygiène est donc primordiale pour prévenir des infections et limiter les contaminations.

Même si un médecin a constaté le décès, il ne faut pas minimiser la présence de risques car il n’a pas consulté le dossier médical du défunt. La première barrière est donc un nettoyage régulier des locaux et leur désinfection après chaque opération.

De ce fait, l’entreprise doit fournir des solutions hydroalcooliques pour une désinfection fréquente des mains, un kit de désinfection, des vestiaires à double compartiment et des douches (art. R.4228-6).

Les autres causes de ce type de risques peuvent se dérouler lors de la suture de la bouche, une exhumation ou lors des soins sur le défunt. Les plus exposés à ces risques sont les thanatopracteurs et les agents en charge de la fermeture de la bouche. Ils peuvent se piquer, se couper, ou recevoir des projections sur le visage et les muqueuses.

Concernant le risque biologique, un corps est une source de contamination microbienne. Dans ses urines, il peut y avoir la présence des virus des hépatites A et B, dans ses poumons la tuberculose, etc. Le danger est que la plupart des bactéries résistent quelques jours après le décès, ainsi le bacille de Koch survit 15 jours. C’est pourquoi il est important d’être muni des équipements adéquats dans une salle adaptée avec un bon éclairage.

Suite aux effets sur la santé, la formation à ces risques est essentielle pour acquérir les bonnes habitudes pour s’en prémunir (art. R.4425-6 et décret n°95-653). En cas d’accident d’exposition au sang (AES), l’entreprise doit s’appuyer sur sa procédure qui doit être affichée (art. R.4425-1), puis doit informer le médecin du travail.

Un conseil : Pensez à vérifier les filtres d’aération dans les locaux. S’ils sont encrassés, ils sont une source de pollution de l’air intérieur.

Pensez à vérifier les filtres d’aération dans les locaux. S’ils sont encrassés, ils sont une source de pollution de l’air intérieur.

Le risque chimique

Ce risque concerne surtout les thanatopracteurs qui sont amenés à utiliser de nombreux produits chimiques pour la conservation des corps tels que le formol. Il est injecté dans le corps du défunt en remplacement du sang, des fluides des cavités abdominales et thoraciques.

Leur usage peut en effet être à l’origine d’irritation des voies aériennes, au niveau des yeux, d’eczéma, d’urticaire et d’asthme. Certains peuvent être cancérogènes, ce qui nécessite une vigilance extrême et le respect des consignes d’utilisation. La formation et l’information concernant ces produits sont impératives. Toutefois, il est préférable de limiter le nombre de produits et de les stocker dans des endroits sûrs et ventilés. 

Dans les entreprises, ces produits doivent être répertoriés avec leurs fiches descriptives pour les remettre au médecin du travail. Chaque collaborateur en contact avec ces produits doit être informé des risques en disposant des notices. 

Pour en savoir plus, consultez notre article sur La pratique de la thanatopraxie : Risques et prévention.

Le risque de brûlure

Les agents techniques de crémation sont les plus exposés à ce risque. Avant leur prise en fonction, ils doivent être formés au risque incendie (art. R.4227-39 du Code du travail) et au fonctionnement des appareils de crémation. Ils disposent de consignes écrites sur l’allumage et le contrôle des appareils. Chaque collaborateur en charge de la crémation doit disposer d’une paire de gants contre la chaleur et de lunettes de protection.

Un conseil : En cas de brûlure, il est préconisé de passer la zone touchée sous l’eau froide (15-25°C) pendant 15 minutes ou tant que la douleur est ressentie.

En cas de brûlure, il est préconisé de passer la zone touchée sous l’eau froide (15-25°C) pendant 15 minutes ou tant que la douleur est ressentie.

Le risque routier

En 2006, 4% des accidents du funéraire étaient liés à l’usage de véhicules. Les agents les plus exposés sont les porteurs, les chauffeurs et les thanatopracteurs. Conduire est donc un acte du travail qui doit être traité comme tous les autres risques. Les véhicules doivent être adaptés selon le trajet, pour couvrir une longue distance, ils doivent donc être équipés d’une climatisation.

Les dirigeants doivent former leurs agents à la conduite en sécurité et les informer sur les risques : somnolence , alcool, drogue et téléphone portable au volant. En même temps, un entretien régulier des corbillards et autres engins doit être réalisé.

Le risque bruit et vibrations

Le bruit et les vibrations sont essentiellement dans les ateliers des tailleurs de pierre. Une exposition régulière aux vibrations peut être à l’origine des pathologies vasculaires et rhumatologiques. Il est donc préconisé d’investir dans des machines équipées de dispositifs anti-vibratiles et entretenues (Décret N°2005-746 du 4 juillet 2005). 

Le bruit peut à terme provoquer des sensations de bourdonnement et altérer l’audition jusqu’à la surdité. Pour l’atténuer, le casque antibruit est efficace. Il est conseillé d’installer des capots sur les machines ou/et de les éloigner des compresseurs (art R.4434-1 et suivants).

Le risque organisationnel

Une mauvaise organisation du travail et des déplacements peut être une source de risques routiers, voire psychologiques. Les organismes sur les conditions de travail (ANACT) préconisent une organisation rationnelle. Elle doit prendre en compte la longueur et la durée des trajets, ainsi que les difficultés de circulation, l’accessibilité des lieux. Pour la constitution des équipes, il faut s’assurer du poids du corps et du cercueil pour composer une équipe capable de le transporter dans le respect de la législation.

Photo d'un homme pensif, dans l'obscurité

Le risque psychologique

L’accueil des familles endeuillées demande une grande empathie de la part des conseillers funéraires. Ces derniers subissent une forte charge mentale qui peut avoir des répercussions plus importantes sur leur santé mentale. Isolement, anxiété, dépression, insomnie, abus de substances psychotropes sont les premiers symptômes.

Si l’un de vos collaborateurs ou collègues semble être en difficulté, n’hésitez pas à le mettre en relation avec le médecin du travail. 

Pour aider leurs employés à surmonter une passe difficile, des sociétés de pompes funèbres ont recours à un coach afin de mieux gérer leurs émotions ou à un numéro vert d’écoute.

Pour en savoir plus, retrouvez notre Rencontre avec Marie-France Rakotovao Mourton, coach spécialisée en gestion des émotions.

Dans cet article, l’équipe Funix a repris les risques les plus fréquents dans les entreprises du funéraire pour vous aider à réunir des conditions de travail satisfaisantes pour le bien-être de tous.

Notre dernier conseil : Il ne faut jamais sous-estimer un risque ; une baisse de vigilance peut vous faire prendre de mauvaises habitudes, difficiles à perdre et qui peuvent vous mettre en danger. 

 

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Sources :

Légifrance

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