" Pouvez-vous nous raconter votre parcours et comment vous êtes devenue palliatothérapeute ? "

Sophie Gidrol : Lors d’un stage au cours de mes études d’infirmière, j’ai découvert les soins palliatifs. Ce fut une révélation. C’est un monde à part où les jours comptent triple. L’humanité et le lien profond à l’autre qui y règnent, sont uniques et incomparables. On trouve une telle intensité nulle part ailleurs. Aussi, je n’avais qu’une envie, y retourner, ce que j’ai fait après mes premières armes en médecine générale et après avoir obtenu mes diplômes universitaires.

En 2018, forte de mon expérience en France et à l’étranger, j’ai créé la plateforme "D'un temps à l'autre" pour des consultations dédiées aux familles afin de les guider et de les aider à vivre cette fin de vie sans l’endurer. L’occasion de leur mettre à disposition une bulle d’échange pour travailler en douceur sur l’avant et l’après de la mort.

J’accompagne également les professionnels qui côtoient la mort au quotidien, comme les soignants et les agents du funéraire ; je les aide à faire un travail en profondeur sur eux-mêmes pour qu’ils puissent mieux gérer leurs émotions et prendre du recul.

Photos de deux personnes qui se tiennent la main

" De nombreuses campagnes de communication ont permis de faire connaître la palliatothérapie. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ? "

SG : La palliatothérapie est une approche de soins relationnels pour les proches afin qu’ils aient du soutien, une clarification ou une traduction du langage médical et surtout un accompagnement tout au long de ces étapes de vie complexes. L’objectif d’un palliatothérapeute est de prendre soin du noyau familial, expliquer le vécu, anticiper les questions futures et être un soutien émotionnel et psychologique.

Dans cette épreuve, les proches des malades sont souvent démunis et perdus car ils se retrouvent seuls et ne savent pas toujours vers qui se tourner pour s’autonomiser dans ces questions de santé et d’évolutivité.

Aussi, mon rôle auprès des familles des patients est de leur expliquer clairement les différentes techniques utilisées et de leur parler des soins palliatifs. Plus lucides et apaisés, les proches sont plus ouverts à un moment d’échange. L’occasion de leur permettre de se questionner, de verbaliser et comprendre leurs ressentis et émotions d’un vécu antérieur. Ce travail en profondeur leur permet d’aborder le futur avec sérénité et de réparer si besoin le lien avec la personne malade et surtout de prendre soin de leur chemin de deuil.

Ma mission en tant que palliatothérapeute est d’outiller les proches pour trouver leur juste place et prendre le recul nécessaire. C’est également mon objectif quand j’accompagne le personnel soignant ou les pompes funèbres.

" De quelle manière accompagnez-vous les professionnels, notamment du funéraire ? "

SG : Dans ces métiers où l’on est en contact en permanence avec la mort, il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas des super-héros, mais des humains. Côtoyer des défunts peut devenir très compliqué, notamment quand d’anciennes blessures ressurgissent de manière décuplée et imprévue. Pour éviter une telle explosion émotionnelle, les agents du funéraire doivent être outillés intellectuellement et suivis. La formation est essentielle car elle remet le sujet de la mort dans son cycle.

Formés, les professionnels sont en mesure de mieux comprendre et d’appréhender les situations. Selon le déroulé de la mort, ils peuvent apporter des attentions particulières aux familles afin de leur permettre de rentrer plus facilement dans le processus de deuil (comme proposer de mettre un doudou dans le cercueil d’un enfant décédé).

Certains groupes de parole sont destinés aux familles des défunts, j’organise aussi des groupes de parole pour les professionnels, au sein des entreprises. C’est un espace pour permettre aux professionnels de se décharger des difficultés concrètes rencontrées ou de partager leurs émotions. Ils ont ainsi la possibilité de verbaliser leurs émotions, de se comprendre les uns les autres, et de sensibiliser leurs collègues à leurs vécus.

Ces échanges permettent d’anticiper certaines difficultés, de renforcer les équipes et de contribuer au bien-être des collaborateurs.

" Vous êtes également autrice d’un livre « Saule » pour parler de la mort aux enfants. Pouvez-vous nous en parler ? "

SG : Ce livre est conçu comme un support ludique avec une histoire et un livre éducatif pour aider les parents et les professionnels à parler de la mort aux enfants. Au-delà de la pédagogie, mon objectif est que les gens se libèrent de la peur de parler de la mort, qu’ils puissent en parler comme de n’importe quel sujet. Je veux faire bouger les lignes de la société en rendant la mort supportable et avec un visage plus normal, moins tabou.

Livre enfants "Saule"

" En tant que palliatothérapeute, quel conseil donneriez-vous aux agents du funéraire qui doivent gérer le deuil des proches ? "

SG : Pour moi, la phrase qui résume bien, c’est « Créer du lien mais ne pas créer d’affectif ». Au contact des familles, j’ai un lien d’authenticité avec eux, de cœur à cœur. Mais je ne fais pas partie de leur famille pour autant. Je n’ai pas une relation affective avec eux.

Quand on aide, on ne peut pas se permettre de s’écrouler. Pour les familles, nous sommes un phare au milieu de la tempête.

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